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[27] Art & Language in Practice, Vol. 1, Fundació Antoni Tàpies, Barcelona, 1999, pp. 12-285 (p. 278).

Nous avons affirmé ailleurs que l’Art Conceptuel n’avait pas de domicile, mais qu’il était un art à la recherche d’un toit. En fait c’était aussi un peu du Bricolage – souvent élaboré sur des tables de cuisine ou dans des salons, dans des meublés et quelquefois dans des pubs. C’était un monde sans atelier, sans bureau, sans bibliothèque ni musée. Il était souvent imprégné d’une certaine qualité domestique, sans cette démarche assurée qui est celle de la culture publique du grand homme blanc. Une chose, qui n’est sans doute que d’un intérêt mineur, était que ces peintures « écrasées » dans des chaises pouvaient représenter le lieu de naissance et les conditions de travail d’un (certain) Art Conceptuel mais que les artistes conceptuels étaient absents (mais peut-être sont-ils présents ou sont-ils représentés d’une façon ou d’une autre par la présence intrusive du spectateur).

Il existe d’autres possibilités fictionnelles. Nous avons souvent pensé qu’une des fonctions de notre pratique était de produire un fantôme. Une des fantaisies les plus agréables (pour un couple, ou un trio, ou…? de patres familia hétérosexuels) concerne le sexe possible de cette créature qui émergeait. Une des suggestions, évidemment, était qu’il s’agissait d’une femme. Une suggestion moins crédible (mais plus forte) était que c’était une femme difficile… un genre littéraire en soi. Peut-être ces chaises qu’il ne faut pas utiliser ou sur lesquelles il ne faut pas s’asseoir sont-elles le mobilier de ce fantôme, où il s’assied et regarde, ou peut-être sont-elles les refuges d’autres spectres.




 

 

[27] Art & Language in Practice, Vol. 1, Fundació Antoni Tàpies, Barcelona, 1999, pp. 12-285 (p. 278).

We have argued elsewhere that Conceptual Art was homeless, but an art looking for a home. In fact it was also a bit Home-Made – often worked out on kitchen tables or in living rooms, in bed-sits and sometimes pubs. This was a world without studios, offices, libraries or museums. It often possessed a strange domesticity lacking the swagger of big white man’s public culture. What is perhaps of no more than parenthetical interest is that these paintings ‘squashed’ into chairs, might represent the birthplace and working circumstances of (some) Conceptual Art but the Conceptual artists are absent (or perhaps they are present or somehow represented in the intrusive presence of the viewer).

There are further fictional possibilities. We have often thought that it is a function of our practice to generate a phantom. One of the more enjoyable speculations (for a pair, or a trio, or...? of heterosexual pateres familii) concerns the possible gender of this emergent creature. One suggestion, of course, was that it was a woman. A more dubious (but more powerful) suggestion was that it was a difficult woman ... which is a literary genre in herself. Perhaps these chairs which must not be used or sat upon are the phantom’s furniture, where she sits and watches, or perhaps they are refuges for other ghosts.