[62] ‘Mapping and Filing’ in The New Art (catalogue), Hayward Gallery, London, August, 1972, pp. 14-16 (p. 14).
Cartographier et classer, 1972
L'association Art-Language se caractérise par le désir et la capacité de ses membres à parler les uns avec les autres. Il est important qu’il n’existe pas de sujets dont nous aurions tacitement décidé de ne pas parler. Nous acceptons implicitement (mais n’encourageons pas) notre propre vulnérabilité ainsi que celle des autres. (Peut-être pourrions-nous travailler sur les mauvaises habitudes.) Ceci peut fort bien paraître (« en public ») comme « l’autorisation à converser idiomatiquement » (c’est-à-dire de façon interne – rien ne nous oblige à supporter d’autres imbéciles tout en gardant le sourire). La tolérance, dans ce sens-là, est une des fonctions de notre organisation. « Les conventions sont des principes de tolérance. » La tolérance est un moyen de s’accorder afin de souscrire à une convention. Nous avons naturellement des conventions – et elles sont internes (en tout cas, au début) ; elle peuvent apparaître comme des caractéristiques de notre conversation.
La tolérance en question est idéalement « dure » plutôt que « molle » ; à savoir, il ne s’agit certainement pas de « tout est permis ». Nous nous sommes engagés (de façon interne en tout cas) à ne pas parler d’« art » (ou de tout autre sujet approprié) uniquement selon des termes de sous-concepts « fermés ». Utiliser la valeur acceptée de concepts fermés afin d’ajouter un poids fallacieux à des valeurs (honorifiques) de concepts ouverts est une tactique que maîtrise bien la critique formaliste et d’autres modes de critique. (Telle était la raison de l’accent qu’a mis Joseph Kosuth sur l’identité de la peinture et de la sculpture comme simples « types d’art » ; à savoir, des concepts (idéologiquement) fermés utilisés comme s’ils identifiaient « le » concept ouvert de l’art.)
J’ai l’impression qu’il est plus facile à un groupe de pratiquants, en tant que groupe, qu’à un individu de maintenir un concept ouvert ; ou encore, il est en tout cas bien plus difficile – bien moins plausible – pour un des membres d’un groupe de tenter de fermer un concept dont d’autres se préoccupent.
Un corollaire de cela constitue en fait un désavantage : nous sommes obligés de nous préoccuper – au quotidien – des problèmes provenant du fait de parler les uns aux autres de « domaines peut-être vides » ou de trouver des références pour des « champs impossibles à cartographier ». D’où découle la nécessité de se préoccuper de théorie et d’entités théoriques. Une fois que l’on a cessé de tenter de définir l’indéfinissable – « Qu’est-ce que l’art ? » – et que l’on tente de répondre à la question qui remplace la première, « Quelle sorte de concept est l’« art » ? », il n’existe pas d’autre façon d’éviter à la fois l’étroitesse d’esprit et la naïveté.
[62] ‘Mapping and Filing’ in The New Art (catalogue), Hayward Gallery, London, August, 1972, pp. 14-16 (p. 14).
Mapping and Filing, 1972
The Art-Language association is characterised by the desire and ability of its members to talk to each other. It is important that there should not be any subjects we tacitly agree not to talk about. We implicitly agree to admit (not encourage) our own and each others’ vulnerabilities. (We can perhaps work at the bad habits.) This may come out (‘in public’) as a matter of ‘permitting idiomatic talk’ (internally, that is – we don’t have to suffer other fools gladly). Tolerance in this sense is a function of our organisation. ‘Conventions are principles of tolerance.’ Tolerance is a measure of agreement to subscribe to (a) convention. We obviously have conventions – and they are internal (to start with, anyway); they may come out as characteristics of our conversation.
The tolerance involved is ideally ‘tight’ rather than slack’; i.e. it’s very definitely not a matter of ‘anything goes’. There is an (internally at least) understood commitment not to talk about ‘art’ (or anything else relevant) solely in terms of ‘closed’ sub-concepts. The use of the acknowledged value of closed concepts to add spurious weights to (honorific) values for open concepts is a well-rehearsed tactic of Formalist and other modes of criticism. (This was the point of Joseph Kosuth’s emphasis upon the identity of painting and sculpture as mere ‘kinds of art’ i.e. (ideologically) closed concepts being employed as if they identified ‘the’ open concept of art.)
I suspect that it’s easier for a group of practitioners, as a group, to hold a concept open, than it would be for one individual; or at least it’s far harder – less plausible – for one member of a group to try to close a concept with which others are concerned.
There is a corollary disadvantage: we are committed
to dealing – at the day-to-day level – with the problems of talking
to each other about ‘possibly empty domains’ or of finding referents for ‘unmappable
fields’ . Hence the necessity for a preoccupation with theory and theoretical
entities. Once you stop trying to define the undefinable – ‘What is art?’ –
and start trying to answer the replacement question, ‘What sort of concept
is “art”?’, there is just no other way to avoid both narrowmindedness and
naivety.