Texte français
English text

 

 

[63] ‘Remarks on Air-Conditioning’, Arts Magazine, New York, November, 1967.

On a pris l’habitude de considérer les « expositions » comme ces situations dans lesquelles divers objets occupent discrètement une salle, un site, etc. : des percepteurs surviennent, ils les examinent attentivement. Dans le cas d’expositions soi-disant « environnementales », il est facile de montrer que l’organisation discrète persiste. Au lieu de surfaces, etc., infléchies, dominantes, on trouve des sites, etc., infléchis, dominants. Les objections que l’on pourrait opposer à ce point de vue et qui font appel à des questions de degré (en ce qui concerne la finesse du détail accepté) sont infondées puisqu’elles appartiennent à la situation discrète et ne servent ici qu’à distinguer un mode d’un autre.

Il est absurde de suggérer que les considérations spatiales sont d’une façon ou d’une autre liées aux relations entre les choses à un certain niveau supérieur à celui d’une visibilité minimale.

Jusqu’ici nos propositions affectent une situation intérieure : déclarer ouvert un volume d’air (libre) reviendrait à créer des problèmes « administratifs » qui produisent une décomplexité plus grande. (Une distinction, appropriée à ces propositions, entre, disons, un désignateur et un designandum, dépasse la portée du présent texte.) Les problèmes administratifs ne sont de toute façon que partiellement distingués, dans un sens formel, d’autres problèmes qui concernent des demandes de spécificité, etc. À l’intérieur, les aspects dimensionnels restent physiquement explicites : « l’air conditionné » lui-même acquiert un décorum contextuel.

On s’attend traditionnellement à ce que les choses soi-disant ordinaires soient identifiables : rien dans la situation instrumentale ne demande l’identifiabilité. Il est peut-être vrai que la situation ne sera interprétée que partiellement sur de nombreux axes : un système de règles semblables à celles de la correspondance fait défaut.

Une interprétation complète en termes d’opérations à l’aide d’instruments sensibles, etc., reviendrait à montrer un placage par-dessus les possibilités étendues que maintient l’œuvre. Il est aisé de définir ce qui est signifié en disant qu’une magnitude qui n’est « calculable » qu’avec l’aide, disons, d’instruments et une autre sur laquelle on peut poser un mètre-ruban ne sont cependant que des valeurs de la même magnitude physique. Cela signifie que les relations visibles ou données du foncteur à d’autres foncteurs physiques sont les mêmes. Évidemment, de toute façon, on se retrouve toujours avec l’expérience.

Il est possible de remettre en question le détail ornemental dans les salles parce qu’il propose une concurrence « forte » fondée sur l’expérience qui ne pourrait qu’écraser le médium de l’air (il n’y aurait pas de véritable concurrence). Ici, les situations environnementales toutes noires, toutes grises, toutes blanches, etc., renseignent sur les valeurs ornementales. Les extrêmes de la température de l’air (soit très chaud soit très froid) sont éliminés pour plusieurs raisons : l’une d’entre elles est que permettre à l’air de prendre trop d’importance par son froid ou sa chaleur indique une insistance sur une seule de ses propriétés ; une autre, secondaire ici, est que les extrêmes de température – chaleur ou froid – nous obligent à trop ressentir les expériences tactiles. Aucun son provenant de l’équipement n’est ornemental tant qu’il est compatible avec le fonctionnement de cet équipement. Terry Atkinson a écrit que « Les sons venant de l’extérieur doivent être éliminés, bien que les sons venus de l’extérieur, s’ils restent à un niveau suffisamment bas, peuvent être compatibles avec la qualité super-habituelle ».

Il faut s’assurer que l’équipement maintient une température constante : ce qui constitue une autre raison pour rester à l’intérieur. Les prescriptions plus détaillées qui spécifient l’aspect de la salle sont le plus souvent inutiles ; elle doit être vue mutatis mutandis.

Des expressions telles que « neutre » sont sans rapport dans ce contexte, à l’exception d’une seule application – « sociale ». Dans ce cas, l’expression peut indiquer le sentiment que ce qui a lieu est un miracle technologique (de tels sentiments naissent par exemple à Londres devant l’air conditionné, alors que les New-Yorkais y sont habitués).

Des rubriques telles que « Non Exposition », etc., ne sont pas fausses, mais elles n’ont aucun sens. Il existe évidemment des cas où, par exemple, le sens n’est pas exposé, mais l’utilisation de l’expression n’est pas similaire à son utilisation actuelle.

On ne peut pas dire que nous nous appuyions sur des postulats logiques dépassés (la carte de l’Aboyeur dans La Chasse au Snark), ni que les expériences proposées sont, dans un sens quelconque, abrégées ; elles s’appuient d’autant moins sur les caprices d’une situation détaillée.



 

 

[63] ‘Remarks on Air-Conditioning’, Arts Magazine, New York, November, 1967.

It has been customary to regard ‘exhibitions’ as those situations where various objects are in discrete occupation of a room or site, etc: perceptors appear, to peruse. In the case of so-called ‘environmental’ exhibitions, it is easily shown that aspects of the discrete arrangement remain. Instead of inflected, dominating surfaces, etc., there are inflected, dominating sites, etc. Objections to this view which call up questions of degree (in respect of fineness of supported detail) are irrelevant here since they are integral to the discrete situation, only serving to distinguish one mode from another there.

It is absurd to suggest that spatial considerations are at all bound to the relations of things at a certain level above that of minimum visibility.

Our proposals so far concern an interior situation: to declare open a volume of (free) air would be to acquire ‘administrative’ problems which inform a further decomplexity. (A distinction, as appropriate to these proposals, between, say, designator and designandum is beyond the scope of this writing.) Administrative problems are anyway only partially distinguished in a formal sense from others concerning requirements of specificity, etc. Inside, dimensional aspects remain physically explicit; ‘air-conditioning’ itself acquires a contextual decorum.

It is traditional to expect so-called ordinary things to be identifiable: there is nothing in the instrumental situation which demands identifiability. It may be true that the situation will remain only partially interpreted along many axes: there is a lack of a system of rules like those of correspondence.

A complete interpretation in terms of operations with sensitive instruments, etc., would amount to showing a veneer over the extended possibilities which the work supports. It is easy to define what is meant by saying that a magnitude which is only ‘computable’ with the help of, say, instruments and one which one can take a ruler to are nonetheless values of the same physical magnitude. It means that the visible or stated relations of the functor to other physical functor are the same. Obviously, anyway, one is still with experience.

Ornamental detail in the rooms may be objected to on the grounds that it offers a ‘strong’ experiential competitiveness which would never be supported by the air medium (the competition would never be met). Here, the all black, all grey, all white, etc., environmental situations inform ornamental values. Extremes of air-temperature (either very hot or very cold) are cut-out for several reasons: one is that to allow the air to become self-importantly hot or cold indicates an insistence upon just one of its properties; another, which is secondary here, is that extremes of high or low temperature make us dwell on tactile experience. Any sound coming from the equipment is not ornamental so long as it is consistent with the functioning of the equipment. Terry Atkinson has written : ‘Sounds from outside should be eliminated, although sounds from outside kept at a very low level might well be consistent with the super-usual quality’.

The demand made of the equipment would be that it keep the temperature constant: this is another reason for going inside. Prescriptions which go much further in specifying the dress of the room are mostly useless; it has to be looked at mutatis mutandis.

Terms like ‘neutral’ are irrelevant in this context except perhaps with one application – a ‘social’ one. There the term might indicate an absence of the feeling that what was occurring was technologically miraculous (such feelings are engendered by air-conditioning, in, say, London, whereas people are used to it in New York).

Rubrics like ‘Non Exhibition’, etc., are not inaccurate, they are just nonsensical. Obviously, there are cases where, for instance, sense is not exhibited, but the usage of the term itself is not similar to the present one.

It can’t be said that we are relying on old-fashioned logical postulates (the Bellman’s map in The Hunting of the Snark), or that the experiences offered are in any sense cut-down; rather they rely less on the vagaries of a detailed situation.