Texte français
English text

 

 

[54a]   ‘Victorine’ ,  Art-Language,  Vol. 5, No. 2,  March, 1984,  p. 45-53, (translation) in Art & Language, catalogue Galerie Nationale de Jeu de Paume, 1993-94, Acte III, Scène 4 – Acte IV, Scène 1.

Acte III, scène 4

L'atelier de Manet. Dehors, le vent siffle et gémit.
Manet et l'un de ses amis (Monsieur Barbin)
contemplent " Olympia ".
Manet n'est pas en train de peindre.

VOIX OFF (LE VENT) :
Lou, iii, iii, iii, iii, iii, iii, iii, iii, iii, iii, ise,
Lou, iii, iii, iii, iii, iii, iii, iii, iii, iii, iii, ise.

Manet parle à son tableau, " Olympia " :

ÉDOUARD MANET :
Ainsi tu te plains d'être une fade héroïne ?
Ah, Louise ! Vraiment, n'est-il pas aujourd'hui
Grand temps que les héros paraissent tels qu'ils sont ?
Et qui oserait prendre ma technique en défaut ?
Voilà plus d'un an que le Salon est fini ;
Une année, c'est bien long, ne crois-tu pas, Louise,
Pour une femme comme toi,
Moderne, exhibant ses appas.
Les esprits faibles, aimant le superficiel,
Méprisent une nudité pourtant fort belle.
Amants d'une sensibilité au rabais,
D'autres te réduisent à un amas de chair.

MONSIEUR BARBIN :
Sensibilité hypocrite, au demeurant :
Ces tartufes pour elle vendraient femme et enfants.

ÉDOUARD MANET :
À la tradition je ne sacrifie rien ;
Mais le naturalisme m'est aussi importun.

MONSIEUR BARBIN :
Votre regard est calme...

ÉDOUARD MANET :
… Comme on dit au Guerbois.

MONSIEUR BARBIN :
Saine et fraîche : une fille d'aujourd'hui, ma foi.
Poussez l'escarpolette et voyez apparaître
Le genou d'une femme soulevé dans les airs.

L'inspecteur Denis est entré depuis un moment. Il écoute
Manet et Barbin, qui ne l'ont pas entendu.

ÉDOUARD MANET :
Vie ordinaire, Louise, d'une telle harmonie !

INSPECTEUR DENIS :
Étrange mort. Monsieur, étrange ignominie !

ÉDOUARD MANET :
Un corps ici, là-bas une personne, objets...

INSPECTEUR DENIS :
Ses propres mots le dénoncent comme suspect.

L'inspecteur Denis montre à Manet la " Femme étendue ".

Comme vous le constatez, cette femme est morte.

ÉDOUARD MANET :
Étendue, peut-être. Fatiguée, en quelque sorte,
Ou ennuyée, tout au plus. Il me semble, oui,
Qu'un signe suffirait pour la rendre à la vie.

INSPECTEUR DENIS :
Vous devrez me fournir tous les noms, sans histoire,
Des gens que vous avez vus depuis hier soir
À huit heures. Vous devrez également me dire
Ce que vous faisiez - où, pourquoi, et sans mentir !

ÉDOUARD MANET :
Mon occupation ? Comme toujours, je peignais.
Mais sans cesse Louise s'évanouissait -
Allez savoir pourquoi, avec pareille pose !

MONSIEUR BARBIN :
Louise, rencontrée sous la pluie - une rose !

INSPECTEUR DENIS :
On peut interroger la grâce, je suppose.

ÉDOUARD MANET :
Certainement ; mais à présent elle se repose.

INSPECTEUR DENIS :
La fille est-elle ici ? J'insiste pour la voir !

ÉDOUARD MANET :
Je l'attends plus tard. Pour en revenir à moi,
Je vais souvent, le soir, retrouver mes amis
Au Café Guerbois. Une fois je suis sorti
Acheter de la peinture - beaucoup de blanc ;
Quant à la nuit, eh bien ! Je dors, naturellement.

INSPECTEUR DENIS :
Le nu que vous voyez fut tué en plein jour.
Votre alibi ne vous protège pas toujours.
Et cette Brigitte Saufpoint, un autre modèle,
L'attendez-vous ce soir ? Quand arrivera-t-elle ?

ÉDOUARD MANET :
Non, Louise est le seul modèle que j'attends ;
Son nom officiel est Victorine Meurend.
Brigitte ? À vrai dire, je ne la connais pas bien ;
Elle ne correspondait pas à mes besoins.

INSPECTEUR DENIS :
Pourquoi en aviez vous besoin, exactement ?

ÉDOUARD MANET :
De quel " besoin " voulez-vous que je parle donc ?
Il y a quelques mois, j'ai trouvé qu'elle avait
Un teint de clair-obscur, et cela me plaisait.
Mais elle était plus rose que pâle, et cela
Ne m'intéresse guère je ne pratique pas
Les tas de chairs rosées qu'affectionne Courbet -
Ni du reste ses cerfs, sa neige, ses Noëls...

INSPECTEUR DENIS :
Montrez-moi votre tableau. Où est-il caché ?
Tout semble ouvert, ici. Chez Courbet, ce fumier,
Tout n'était que mystère.

ÉDOUARD MANET :
Là... on ne voit que lui !

L'inspecteur Denis décrit un arc de cercle
pour faire face au tableau. Il semble frappé
d'horreur.

INSPECTEUR DENIS :
J'arrive au bon moment ! Seigneur ! Qu'est donc ceci ?
Bonté divine ! Cette femme est-elle morte,
Joue-t-elle ? Faut-il y voir comme une horrible mort
Attendue ?

ÉDOUARD MANET :
Quoi, Monsieur, vous parlez d'" Olympia " ?

INSPECTEUR DENIS :
Avouera-t-il jamais ? Ce que vous montrez là
Est le mûrissement d'actions malhonnêtes,
Que je vous engage, Monsieur, à ne pas commettre.
Interrompez votre œuvre avant qu'il soit trop tard.
Héroïne manquée ? Non, car la liberté
Ne justifie pas semblable calamité.

ÉDOUARD MANET :
Ses craintes sont étranges - irréelles en somme -,
Ne reposent sur rien et n'accusent personne.
Quelle homme bizarre ! Il ne semble pas avoir
Un discours ordinaire : il refuse de voir.
Pourtant il est pompeux, assuré, prétentieux,
Comme si toute une foule l'écoutait avec feu.
Que voulez-vous savoir, Monsieur, exactement ?
Où voulez-vous en venir ? Parlez clair et franc.

INSPECTEUR DENIS :
Nier ne sert à rien : je reconnais ces traits.
Les insultes paillardes dont j'ai fait l'objet,
Les voilà remplacées par des minauderies !

ÉDOUARD MANET :
Vos transitions, Monsieur, sont beaucoup trop subtiles...
Peut-être mon esprit se montre-t-il trop lent ?
Il faudra m'excuser : je n'ai aucun talent
Pour saisir les finesses ou les allusions ;
Je préfère un langage dénué d'illusion.
Que cherchez-vous à me dire ? Que Victorine
Est en danger de mort ? Croyez-vous qu'elle soit
Menacée ?

INSPECTEUR DENIS :
Vous le savez aussi bien que moi.

ÉDOUARD MANET :
Olympia ! Olympia !

INSPECTEUR DENIS :
Quand avez-vous vu Jeanne ?
Soyez précis ! Et pas de mensonge qui tienne.

ÉDOUARD MANET :
Allons, Monsieur, de grâce ! Vous êtes bien pressant.
J'ai bien peur, je l'avoue, d'avoir oublié quand
J'ai croisé cette Jeanne pour la dernière fois.
Elle n'est pas venue depuis de nombreux mois.

INSPECTEUR DENIS :
Il suffit ! Niez-vous avoir peint ce tableau ?
C'est un crime ! (Des fleurs, je ne soufflerai mot.)
Non, ce n'est pas un nu, mais un assassinat !

ÉDOUARD MANET :
Si la peinture claire se regarde à deux fois,
Ce n'est certainement pas un roman à clés.
L'un de nous pense trop : comment communiquer ?

INSPECTEUR DENIS :
Oserez-vous soutenir que votre Olympia
N'est pas destinée à un horrible trépas ?
Et comptez-vous tuer la femme avec vos nus ?
Vous pleurez une France qui a disparu.
Quelle violence ici ! ! ! Elle n'est pas couchée
Calmement ; sa main rigide est loin d'évoquer
L'abandon. La contrainte me paraît évidente.

ÉDOUARD MANET :
Il ne semble pas que mes toiles vous enchantent.
(Il croit savoir des choses, et veut tout ramener
À la mort. Mais pourquoi ? Peut-on le raisonner ?)

INSPECTEUR DENIS :
Et ces fleurs ? Voyez-vous leur signification ?
Ne sont-elles pas du meurtre une confirmation ?
(Quelque chose m'incite à croire ce qu'il dit ;
Il a l'air sain, sérieux; et c'est si propre, ici !)

ÉDOUARD MANET :
N'aurait-il jamais vu que des nus érotiques ?
Et ces corps, dont il parle avec un air tragique !

INSPECTEUR DENIS :
Et le bouquet : de quel homme est-il donc l'hommage ?
Quelqu'un l'attend : et c'est la mort du personnage !
Et la négresse : elle n'est ni bonne, ni amie,
Ni servante...

ÉDOUARD MANET :
J'aimerais bien vous être utile,
Mais il n'y a, dans mon atelier, pas de chambre,
Pas le moindre recoin où vous pourriez surprendre
Un intrus, même un nain. Il n'y a que nous trois.

L'inspecteur Denis se tourne vers Monsieur Barbin.

INSPECTEUR DENIS :
C'est ce que nous verrons. Son sourire narquois
Disparaîtra bientôt - quand il aura compris
Que c'est d'un meurtre affreux que je l'accuse ici.

ÉDOUARD MANET :
Oui, mon manque d'espace me tracasse sans cesse.

INSPECTEUR DENIS :
Et puis, peut-on peindre une pareille négresse ?
(Oui, cette femme noire n'est pas ce que je pensais ;
C'est l'ange de la mort : voilà la vérité.)

L'inspecteur Denis se racle la gorge et s'adresse à Manet :

Et qui donc, je vous prie, a envoyé les fleurs ?
Il est certain que le meurtrier, quelques heures
Avant de frapper, faisait porter un bouquet.

ÉDOUARD MANET :
Ces fleurs viennent de moi - peut-être de Courbet.

MONSIEUR BARBIN :
Je suppose que le galant homme qui a
Fait parvenir ce bouquet est quelque bourgeois,
Qui espère la voir un mercredi sur deux ;
À moins qu'il ne s'agisse d'un tuberculeux ?

INSPECTEUR DENIS :
Répondez-moi, Monsieur. De qui s'agit-il ? Vite !

ÉDOUARD MANET :
N'importe qui, vraiment. Il suffit de choisir...

INSPECTEUR DENIS :
Allez-vous répondre sans détour, je vous prie !

MONSIEUR BARBIN :
Il est temps d'oublier, je crois, les mots d'esprit...

INSPECTEUR DENIS :
Je vais devoir sévir - vous arrêter, Monsieur.

ÉDOUARD MANET :
Pourtant, je vous assure, je réponds de mon mieux !

INSPECTEUR DENIS :
Alors, est-ce Courbet ?

ÉDOUARD MANET :
Certains l'affirmeraient.

INSPECTEUR DENIS :
Alors, c'est vous le traître !

MONSIEUR BARBIN :
Dans sa jeunesse, peut-être..

INSPECTEUR DENIS :
Un seul nom, je vous en supplie !

ÉDOUARD MANET :
Inutile d'insister.
Vous apercevez sur mon tableau un bouquet :
Il est emprunté à une œuvre de Courbet.
Cependant tous les détails ne sont pas rendus ;
Ce bouquet réaliste n'est jamais parvenu
Jusqu'à mon atelier, ni ailleurs puisqu'il est
Imaginaire.

MONSIEUR BARBIN :
Ces fleurs ont-elle jamais poussé ?

INSPECTEUR DENIS :
Courbet serait l'auteur de ce floral indice !

MONSIEUR BARBIN :
Parfaitement, Monsieur ;
j'espère que la police saura en faire usage.

INSPECTEUR DENIS :
Je suis satisfait -
En partie. Cher Monsieur, vous venez de combler
Une vaste lacune par votre prévenance.
Aussi, je puis vous assurer de ma confiance.

Arrive Jean Fils.

JEAN FILS :
Ah ! Voilà l'œuvre dont on parle si souvent !
Sans aucun doute, c'est Victorine Meurend !
La peinture de Courbet ne fait que nourrir
Un goût pour le vrai. Manet cherche à conquérir
Un idéal - non sans une belle vigueur.
Et son art de l'ébauche souligne la rigueur
De l'étrange beauté qui empreint cette toile.

INSPECTEUR DENIS :
Je crois bien que nous nous connaissons ; mon devoir
M'appelle ici.

JEAN FILS :
Vraiment ? Et pour quelle mission
Officielle venez-vous dans cette maison ?
Que faites-vous ici ? Agissez-vous sur ordre ?

INSPECTEUR DENIS :
Voyez ce qui se trame : il n'y a pas encore
De meurtre ; mais une autre beauté est étendue.
Monsieur, vraiment, je ne peux vous en dire plus !

JEAN FILS :
Je le vois par moi-même : la longue silhouette
De cette femme est comme un sublime reflet
D'un doux libertinage, d'une beauté sereine ;
Étonnante et moderne, et non grasse ou trop pleine.
La voilà, majestueuse et tendre à la fois,
Et lourde cependant, presque monumentale ;
Mais elle est mince aussi, et comme émaciée ;
Minuscule, et secrète, et vive, enthousiasmée ;
Cyclopéenne enfin, vivant dans une transe.
Elle atteint par moments la suprême élégance,
Barbare, impitoyable, sûre de sa beauté.
Elle ne sourit pas ; son regard est rusé,
Plein de sauvagerie, presque de cruauté :
Le monde d'aujourd'hui dans un regard de
femme.

MONSIEUR BARBIN :
Le regard des marginaux et des réprouvés.

JEAN FILS :
L'éternelle Beauté, élémentaire et fixe,
Pourtant beauté accidentelle et relative.

INSPECTEUR DENIS :
Il faut empêcher le crime.

JEAN FILS :
- Putain ou pas.

INSPECTEUR DENIS :
Que Merlin s'attarde ici ne me convient pas.

L'inspecteur Denis remarque que Jean Fils tient un bouquet
à la main.

JEAN FILS :
Un meurtre - par Goya, Ravenel, sûrement ;
Mais Manet, Inspecteur, est un homme innocent.
Non, aucun meurtre ici ; un simple sacrement.
Comment imaginer plus joli compliment
Aux saintes poses si rigides et si forcées
Que cette extravagante et sublime impiété ?

INSPECTEUR DENIS :
Nous avons, vous et moi, les mêmes intérêts ;
Je serais donc très heureux si vous acceptiez
Une invitation. Vous serez convié
Au poste de police. (Hier soir, j'ai repéré
Des rebelles - un Asiatique, un Russe, un Croque-Mort.)
Je vous en prie Monsieur, vous m'aiderez encore !

JEAN FILS :
Il me faut donc partir ? C'est bien, je prends congé ;
Quand à vous être utile, je ne peux qu'en douter.

Jean Fils quitte l'atelier.

ÉDOUARD MANET :
Il n'y a nul scandale dans ce que vous voyez.
La mort, le crime, c'est vous qui vous en occupez.
Pour vous, l'horreur est une chose quotidienne ;
Dans un pareil métier elle domine en reine.
(La position du corps de ma belle Olympia
Lui fait flairer le péché, et il aime ça.)

INSPECTEUR DENIS :
Oublions donc les fleurs. Mais alors, ce papier ?
Il faut toujours scientifiquement raisonner ;
Le plus banal objet nous peut servir de preuve ;
Une miette, un fil, et nous voilà à l'œuvre.

ÉDOUARD MANET :
Importante ou pas, c'est là mon invention ;
Vous n'y trouverez pas de troisième dimension.
Ces drapés virtuoses sont le fruit du labeur
Consommé de l'artiste, entamé de bonne heure.

INSPECTEUR DENIS :
Il est innocent. Ce n'est pas le genre d'homme
Qui souillerait des filles. Les fleurs viennent d'ailleurs.
La faute est à Courbet, qui les a inspirées.
Et tout ce que je vois ici tend à prouver
Qu'il est sain d'esprit.

ÉDOUARD MANET :
Cet homme serait-il fou ?

INSPECTEUR DENIS :
Rationnel, froid.

ÉDOUARD MANET :
Son idée fixe, son tabou :
Le nu assassiné... A-t-il perdu la tête ?
Pourtant il est cohérent, et il n'est pas bête.
Voilà une bien étrange folie, ma foi.

INSPECTEUR DENIS :
On dirait un banquier ; tueur ? Je ne crois pas.

ÉDOUARD MANET :
Pourquoi un policier ne saurait-il pas voir
La substance et les attraits de mon Olympia ?

INSPECTEUR DENIS :
Il ne peut pas tuer. Je ne peux, même en rêve,
L'imaginer étranglant une fille d'Ève.

ÉDOUARD MANET :
Tous ces nus ne sont pourtant qu'un bel artifice ;
Je ne vois pas le rapport avec la police,
Et les questionner revient à leur faire injure.
Comment prétendre faire parler ces figures ?

INSPECTEUR DENIS :
Il s'habille bien. Tout comme Robespierre...
Mais sans terreur. Allons ! Il me paraît sincère.

ÉDOUARD MANET :
S'il n'a rien de plus à me reprocher, je suis
Sauf. Tout cela ne m'a coûté que de l'ennui.
Mes crimes, au fond, ne seront jamais que des ombres,
Et je veux bien payer, s'il me faut en répondre,
Une peine imaginaire.

INSPECTEUR DENIS :
Monsieur, voilà qui met fin à notre entretien ;
Vous n'avez fait avancer mon enquête en rien.
Cette femme me lasse, et je dois travailler.

ÉDOUARD MANET :
D'une telle farce, je ne sais que penser.

INSPECTEUR DENIS :
Je ne vous ai dérangé qu'à mon grand regret.

Acte IV, scène 1

L'appartement de Victorine Meurend, au 17, rue Maître-Albert.
Victorine et une de ses amies, Marianne Bricafère, ont
une conversation animée. Il y a des fleurs dans la pièce.

MARIANNE BRICAFERE :
Partout je ne vois qu'ombre, hideuse obscurité,
Elle est morte, ô mon Dieu ! Ô laissez-moi pleurer !

VICTORINE MEUREND :
La belle eau que je vois couler de tes yeux sombres,
Ces sanglots éperdus, et ces soupirs sans nombre,
Seront vite apaisés. Les pleurs et la tristesse
Ne sont pas notre lot, car il nous faut sans cesse
Ravaler notre peine, et assécher nos larmes,
Sur les trottoirs où nous promenons notre charme.
Nul homme mieux que nous ne sait donner le change.
Pour Manet, chaque jour, je dois, pour quelques francs,
Repousser mon sommeil - comme avec un client.
La tristesse est un luxe qui exige du temps.

MARIANNE BRICAFERE :
J'ai tenté d'expliquer - de parler de la mort -
A sa fille obstinée comme un enfant qui dort,
Faisant ses premiers pas. Quand je disais son nom
Je voyais sa terreur, son mal, son abandon.
Qui s'en occupera, qui jouera avec elle ?

VICTORINE MEUREND :
Avec tous ses enfants la nature est cruelle.
J'ai connu des années de pauvreté sans fin,
Le crime, la terreur, la maladie, la faim,
Sans un toit sur ma tête, ou dans des draps glacés,
Et, pis encore, j'ai senti soudain germer
La graine du sarcasme, du mépris pour moi-même,
Qui fait de mes sourires des grimaces blêmes.

MARIANNE BRICAFERE :
Nulle mère jamais ne souhaita de voir
Son enfant hériter d'un pareil désespoir.

VICTORINE MEUREND :
Certains disent qu'un de ses amants l'a tuée.

MARIANNE BRICAFERE :
Quelque millionnaire mélancolique, peut-être.

VICTORINE MEUREND :
En ce cas, son tombeau a la porte entrouverte.

MARIANNE BRICAFERE :
Voilà une vengeance qu'il faudra bien goûter !

VICTORINE MEUREND :
Un moment de bonheur, de plaisir partagé,
Quand nous apprendrons qu'il est mort et enterré.

MARIANNE BRICAFERE :
Et... ce Policier qui t'appelle " chère enfant " ?

VICTORINE MEUREND :
L'orgueil démesuré, signe de peur pourtant,
Ment pour s'acquitter soi-même de ses mensonges.

MARIANNE BRICAFERE :
Tout ce qu'il trouve, ce sont des alibis, non ?

VICTORINE MEUREND :
Tu n'a rien vu, tu n'as rien entendu non plus,
Et tu n'as pas la moindre opinion là-dessus.

La concierge (voix off)

LA CONCIERGE :
Mademoiselle Victorine ! Êtes-vous là ?
Mademoiselle Victorine ! Ah, là là !

Entre la Concierge.

J'ai attendu toute la journée.

VICTORINE MEUREND :
C'est fini.
Madame, vous voyez, nous pleurons une amie.

MARIANNE BRICAFERE :
Non pas morte, mais loin des yeux, assassinée.

LA CONCIERGE :
La police est venue deux fois, la nuit tombée.

VICTORINE MEUREND :
Que me voulait-elle ? Était-ce vraiment urgent ?
Je croyais qu'elle trouvait mon contact éprouvant.

LA CONCIERGE :
Ils ont dit que vous étiez en danger de mort.

MARIANNE BRICAFERE :
Conseil inutile ; ils n'ont pas de piste encore.

LA CONCIERGE :
Ils avaient l'air de savoir ce qu'ils racontaient.

MARIANNE BRICAFERE :
Comme toujours...

VICTORINE MEUREND :
Mon corps n'a pas eu l'occasion
De douter des paroles des hommes. L'action
Est propice à l'absence de réflexion.
Le moment, sans nul doute, paraîtra mal choisi,
Mais je dois m'en aller - pour rejoindre un ami.

LA CONCIERGE :
La police a besoin de vous ! Ne partez pas !

VICTORINE MEUREND :
Leurs mises en garde ? Non, elles ne m'effraient pas.
Voyez le beau bouquet qu'il m'a fait parvenir.
Cette nuit est peut-être l'aube du plaisir.
Non pas l'amour, sans doute - non pas l'or, mais l'argile ;
Toute cette lumière me paraît inutile,
Oui, on peut partager sans pour autant voler.
Éteignez la lumière. Faites l'obscurité !



 

 

[54a]  Extract from ‘Victorine’,  Art-Language, Vol. 5, No. 2,  March, 1984,   p 47, (translation) in Art & Language, (catalogue) Galerie Nationale de Jeu de Paume, 1993-94, Acte III, Scene 4 – Acte IV, Scene 1.

Act 3 Scene 4

Manet's studio on a breezy day. The wind is piping and whining.
Manet and a friend (Monsieur Barbin)
are contemplating 'Olympia'. He's not painting.

VOICES OFF (THE WIND):
Louee, Eee, Eee, Eee, Eee, Eee, Eee, Eee, Fee, Eees, Eees,
Louee, Eee, Eee, Eee, Eee, Eee, Eee, Eee, Eee, Eees, Eees,

Manet addresses his picture, 'Olympia':

EDOUARD MANET:
So you feel you're made a dull heroine.
Louise, Louise: must we not begin
To give our heroes their proper aspect?
And who would say my technique's incorrect?
The Salon's more than a year away.
And a year is a long time, I dare say,
For a modern common type like you,
In your envelope of show.
The empty, bred in superfluity,
Despise your harder-won vacuity.
Adepts of cut-price sensibility
Declare you lack all spirituality.

MONSIEUR BARBIN:
Sensibility denied talks loud of Rome;
The aesthete would pay her to take him home.

EDOUARD MANET:
I make no sacrifice to tradition,
Nor am I fanatic of Nature's condition.

MONSIEUR BARBIN:
Your eye is calm

EDOUAED MANET:
- Say the Guerboisais.

MONSIEUR BARBIN:
Sane and clear: this girl is of today.
Swing the swing and ask who sees,
As he looks up, a Lady's knees.

Enter Inspector Denis. Monet and Barbin are unaware of his
presence. He stands, listening.

EDOUARD MANET:
Common life, Louise, and its harmonies!

INSPECTOR DENIS:
Strange death, Monsieur, and its mockeries!

EDOUARD MANET:
A body here, a person there, an object…

INSPECTOR DENIS:
His own words label him a suspect.

Inspector Denis shows Monet 'Femme Etendue'.

As you can see this figure is dead.

EDOUARD MANET:
Sretched out perhaps. But I think I'd have said
That she's no more than tired, or even bored:
The smallest diversion and life is restored.

INSPECTOR DENIS:
You must tell me the name and the address
Of everyone you've seen, and nothing less,
Since eight o'clock last night. You must declare
In minutest detail what you were doing where.

EDOUARD MANET:
As usual I was at work, painting.
Progress was slow, Louise kept fainting.
I'm at pains to know why - in such a pose.

MONSIEUR BARBIN:
Louise, picked in the rain - a rose!

INSPECTOR DENIS:
The beauty can be questioned, I suppose.

EDOUARD MANET:
Indeed, though she malingered in a doze.

INSPECTOR DENIS:
Is the woman here? I must see her now!

EDOUARD MANET:
I expect her later. If you will allow
Me to proceed: the evenings I spent
At the Café Guerbois. And once I went
To buy materials, a lot of white.
And then, naturally, I slept at night.

INSPECTOR DENIS:
The nude was killed in full daylight.
So far his alibi puts up a fight.
Your model, Brigitte Saufpoint, do you
Expect her soon? Just when is she due?

EDOUARD MANET:
Louise is the model who's posing for me -
Victorine Meurend, officially -
Brigitte? I can't say I remember her well;
Not quite what I needed, truth to tell.

INSPECTOR DENIS:
What precisely did you need from her?

EDOUARD MANET:
To what sort of practice does 'need' refer?
Some months ago I thought she possessed
A gas-lit complexion with which I'm impressed.
But she was rather pink, not wan at all;
No use to me, not unless I fall
To painting Courbet's rosy barrels -
What then: snow and stags and Christmas Carols?

INSPECTOR DENIS:
Show me your tableau. Where is it hidden?
There's not much concealed. The Communard's midden
Was furtive and close.

EDOUARD MANET:
It's quite hard to miss.

Inspector Denis walks round to face painting - aghast.

INSPECTOR DENIS:
I'm just in time. . .What's this, what's this?
My time of briefest shadow! Is she dead,
Or is she playing? Is she to be read
As death awaited?

EDOUARD MANET:
My 'Olympia'?

INSPECTOR DENIS:
The moment will fail to arrive. We are
Witness to prodpadeutic acts
To what have previously been finished facts.
Desist at once Monsieur! You must stop now.
She's no heroine manquée. Liberty
Would not prepare thus for calamity.

EDOUARD MANET:
His alarms are fugitive - unstable,
Leave no framework, nothing on the table.
There is some failure here. He cannot reach
The solid ground of normal speech.
Yet there's decorum, ponderous and blatant,
Oblivious that the room is vacant.
What sort of things do you have to know?
What are the rules? What dice do I throw?

INSPECTOR DENIS:
I know these features. I've seen them before.
Those soldier's insults when I took the floor
Now turned to simpering adulation!

EDOUARD MANET:
How happy the concatenation!
It is, perhaps, that I'm far too eager;
My resources are impossibly meagre...
To point to circles and to illusions,
Thereby securing peace - and even clarity.
There is no work in pedant's charity.
Are you trying to say that Victorine
Is in some danger, that you've forseen
Her violent death'?

INSPECTOR DENIS:
Do we not both know?

EDOUARD MANET:
Olympia, Olympia, Oh! O!

INSPECTOR DENIS:
Exactly when did you last see Jeanne Sir?
- And be precise. Don't hedge with your answer

EDOUARD MANET:
You're one of Time's avid Clerks' Inspector.
I'm afraid I do not recollect her
Last time in my sight. At this studio
It must have been, many months ago.

INSPECTOR DENIS:
Enough, enough! You're made the present blot.
Murder!!! (The flowers are tittle and jot.)
The thoughtless nude is to be negated.

EDOUARD MANET:
Peinture Claire should not be underrated,
But Fable Cartesien I'm sure its never.
We can't talk. One of us is far too clever.

INSPECTOR DENIS:
Do you suggest that a violent
Fate is not hers to come? Will you not relent
Before your Sept has destroyed all her kind?
Must you husband a smell of France long left behind?
There's violence here!!! She's not simply reclined.
Her hand is flexed; its tense: no sign
Of yielding welcome. There is constraint.

EDOUARD MANET:
You don't seem to like the things I paint.
(Imaginary knowledge has him bound
To death. But what can be this figure's ground?)

INSPECTOR DENIS:
Does the bouquet now lose signification?
Are flowers no more murder's confirmation?
(Somehow I trust this upright Englishman;
Sane and serious. Here it's spick and span.)

EDOUARD MANET:
Are all the nudes he's seen placed too low?
The bodies: are they put on show?

INSPECTOR DENIS:
The bouquet: who's waiting in the other room?
There's someone there: this figure's thwarted doom!
The negress: What resurgent she? No maid,
No servant...

EDOUARD MANET:
I'd like to come to your aid,
But there is no other room, not a trace;
No cabinet, no space; there is no place
Where anyone, however small, might lurk.

Inspector Denis turns to Monsieur Barbin.

INSPECTOR DENIS:
This claim will be tested.
His early smirk May shortly vanish, levity turn sour,
When we discover he's in murder's bower.

EDOUARD MANET:
My lack of space is a constant complaint.

INSPECTOR DENIS:
Then can apparent negritude be paint?
(The negro woman is not what I thought,
But an angel come as death's consort.)

Inspector Denis, composing himself, to Manet:

Who then is the donor of the flowers?
We are certain that, some minutes or hours
Before he struck, the killer sent bouquets.

EDOUARD MANET:
I am the donor - or it could be Courbet.

MONSIEUR BARBIN:
I suppose the gallant gentleman could be
Some rogue (or fine bourgeois) who hopes that he
Can see her Tuesday nights alternate weeks,
Or some consumptive boy with hollow cheeks?

INSPECTOR DENIS:
You must tell me at once! Which one, be quick!

EDOUARD MANET:
It could be any at all. Take your pick.

INSPECTOR DENIS:
Give me your answer direct, I entreat!

MONSIEUR BARBIN:
He's given us leave to abandon conceit!

INSPECTOR DENIS:
I shall be making an arrest!

EDOUARD MANET:
I do assure you, I am doing my best.

INSPECTOR DENIS:
Now is it Courbet?

EDOUARD MANET:
That's what some might say!

INSPECTOR DENIS:
It's you, that's the truth!

MONSIEUR BARBIN:
Could be, in his youth.

INSPECTOR DENIS:
Name just one of the three!

EDOUARD MANET:
Please don't ask me.
The bouquet you see in the painting's borrowed
From a work by Courbet. I haven't followed
Every detail slavishly, however.
Realist though the provenance, there was never
A bouquet like that in my studio,
Nor any place.

MONSIEUR BARBIN:
Did the flowers ever grow?

INSPECTOR DENIS:
Courbet is the source of this floral token!

MONSIEUR BARBIN:
I hope now, Sir, that you have awoken
To the danger here.

INSPECTOR DENIS:
I am satisfied -
Almost. You gentlemen have testified
To an important link in ignorance.
To that extent, you have my confidence.

Enter Jean Fils.

JEAN FILS:
Ah! The new truc I've been hearing about.
That's Victorine Meurend without a doubt!
Courbet's painting merely contributes
To a taste for the truth. Manet distributes
A challenge - with unusual vigour.
Ebauché does not occlude the rigour
Of this heroine's mysterious beauty.

INSPECTOR DENIS:
You may recall me Monsieur.
My duty Brings me here.

JEAN FILS:
And with what certified
Official subject are you occupied?
Why here? Could it be that you were ordered?

INSPECTOR DENIS:
You see what's brewing here. There's no murder
Yet. But another young exquise lies dead.
Monsieur, there's much that cannot be said!

JEAN FILS:
On the contrary, there is much: here reclines
A figure which undoubtedly refines
The protean image of wanton beauty;
Startling and modern, not fulsome and fruity;
Now she is majestic, now she's playful,
Now she's heavy and monumental;
Now she's slender, almost emaciated;
Now tiny and sparkling, now elated;
Now cyclopean, never deflated.
She has searched out a kind of elegance,
Barbaric, tough; she takes her chances.
Her look is cunning. She does not smile.
She holds within her savagery and guile:
The core and skin of our civility.

MONSIEUR BARBIN:
The look of proficient marginality.

JEAN FILS:
Beauty, eternal fixed and elemental,
Which is yet beauty relative and accidental.

INSPECTOR DENIS:
We must still prevent murder.

JEAN FILS:
- Slut or no.

INSPECTOR DENIS:
How can I persuade this clever dick to go?

Inspector Denis notices Jean Fils is carrying a small bouquet.

JEAN FILS:
Murder - by Goya, perhaps by Ravenel;
With Manet, Inspector, all remains well.
No murder here but more a sacrament.
And who can imagine a better compliment
To the cruel stiff poses of sanctity,
Or one more advanced, than this impiety?

INSPECTOR DENIS:
We both have our positions to protect.
I would be glad, therefore, if you'd accept
An invitation. Come to the station
As my guest. (Last night I saw an Asian,
A Russian, a Mute; each an insurgent.)
I beg you Monsieur, the matter is urgent!

JEAN FILS:
You want me to leave. All right, I'll go
… Advance your pratique? I really don't know.

Exit Jean Fils.

EDOUARD MANET:
There is no scandal in what you view.
Death and murder are what you do.
Disgraceful sights are, for you, ready-made;
Are they not the decorum of your trade?
(The position that the body's in
May make him sure he's seeing sin.)

INSPECTOR DENIS:
The paper then, if the flowers are gone?
Our epoch is a scientific one.
There's much to be made of banal stuff;
A crumb or a thread is often enough.

EDOUARD MANET:
Important or not, it's my invention:
You'll find no object, no third dimension.
Long hours of laborious drapery
Are the stuff of the artist's nursery.

INSPECTOR DENIS:
This Manet's clean. Not the type that besmirches
Young girls. The flowers were not his purchase.
They came through Courbet's mediation.
And I see more than one dim indication
That he is quite sane...

EDOUARD MANET:
Is he simply mad?

INSPECTOR DENIS:
… Rational and smart.

EDOUARD MANET:
His idée fixe, his fad
For killing nudes runs wild, out of control.
But he's consistent, this tête molle.
And that is a spectacular disorder.

INSPECTOR DENIS:
He might be a banker; more likely bored her.

EDOUARD MANET:
Why would a policeman's eye evade
The stuff and substance of the ladies' trade?

INSPECTOR DENIS:
He couldn't kill. I just can't conceive
His so much as scratching a daughter of Eve.

EDOUARD MANET:
These figures show nothing but artifice.
They seem to demand inquisitiveness,
Yet questions are all injury to them:
They deflect How? and they disarm When?

INSPECTOR DENIS:
He dresses well. So did Robespierre.
He has no terror. No! I'd almost swear.

EDOUARD MANET:
If he imagines no worse of me I am
Quite excellent for a sensible man.
The best of his murders are only shadows,
And the worst of them are no worse amended
In imagination's quieter fallows.

INSPECTOR DENIS:
Sir, our conversation's ended.
Of new developments there is no word.
I'm weary of this woman, nothing's changed.

EDOUARD MANET:
This is the silliest stuff that I ever heard!

INSPECTOR DENIS:
It is with regret I see you much deranged.

Act 4 Scene 1

Victorine Meurend's apartment, at 17 Rue Maître Albert.
Victorine and a friend, Marianne Bricafère are animated.
There are flowers in the room.

MARIANNE BRICAFERE:
There will be nothing now but shadows, deep
And menacing. She's dead! Oh let me weep!

VICTORINE MEUREND:
The tears that fall from your dark downcast eyes,
Your savage sobs, your heavy broken sighs,
Will soon be quieted. It's not our destiny
To make great shows. Sad company
Is soon turned out to try its slighted luck
Walking the pavements for some odious buck.
What does the rich man or any man know
Of composure? For Manet I must forgoe
My rest. For men I must defer my sleep.
Despair is far too dear for us to keep.

MARIANNE BRICAFERE:
I attempted to explain - to speak of death -
With her child who stood with silent breath,
Who crept up close. With a kind of shame
She sat engrossed, awe-stricken at its name.
What's to nurture her, what laughter, what health?

VICT0RINE MEUREND:
But her composure is a form of wealth.
I've endured bouts of endless poverty,
Crime and fear and all kinds of infamy,
And houseless want and pigs and frozen sheets,
And worse than that, the inward stain that greets
The game of self-contempt and drowns in sneers
Youth's starlight smiles to make them into tears.

MARIANNE BRICAFERE:
No mother lived or died, that by her will,
Could doom her child to this remorseless ill.

VICTORINE MEUREND:
They say it's one of her lovers killed her.

MARIANNE BRICAFERE:
Same melancholic millenium-builder.

VICTORINE MEUREND:
I think I heard a whisper of his grave.

MARIANNE BRICAFERE:
Perbaps a moment's vengeful joy to save!

VICITORINE MEUREND:
An hour to pass in happy work and play,
On hearing that he's dead and gone away.

MARIANNE BRICAFERE:
The Policeman - he once called you 'my dear'...

VICTORINE MEUREND:
The self-contented pride that is born of fear
Lies to acquit itself of its own lies.

MARIANNE BRICAFERE:
I know that all he's found is alibis.

VICTORINE MEUREND:
You spoke to no one nor did you abide,
You can't know what's admitted, what's denied.

Concièrge (without,):

CONCIERGE:
Mademoiselle Victorine! Are you at home?
Mademoiselle Victorine! Are you alone?

Enter Concièrge.

All day I've waited.

VICTORINE MEUREND:
Well now there's an end.
Madame, we're grieving for a dead friend.

MARIANNE BRICAFERE:
Not dead but murdered and left as a sight.

CONCIERGE:
The police were here, twice, late in the night.

VICTORINE MEUREND:
What did they want? What could be so pressing?
They find my company quite distressing.

CONCIERGE:
They hinted, no more, at danger to you.

MARIANNE BRICAFERE:
Their hints are valueless. They haven't a clue.

CONCIERGE:
They seemed quite sure of themselves.

MARIANNE BRICAFERE:
They always are.

VICTORINE MEUREND:
My body's enjoyed no leisure so far
To doubt the things men say to me, or deem
Them no other than what they do not seem.
Although the event might be better timed,
I've a rendez-vous with someone refined.

CONCIERGE:
The police want to see you. They must be obeyed.

VICTORINE MEUREND:
Their redundant counsel will just be delayed.
Look at the flowers he sent for my pleasure.
Tonight may be the beginning of leisure.
It is not to be love, not gold but clay:
I am not used to an excess of light,
And to divide is not to take away.
Put out the lamp. No spectacle, no sight.